ESS : mythes, préjugés ... Mais qu’est ce que c’est vraiment ?

Chez REC Innovation, on vous parle souvent des structures de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire), en ayant beaucoup accompagné dans nos programmes. Mais, au fil des discussions, on se rend compte que chacun a presque sa propre idée de l’ESS, plus ou moins construite à partir d’idées reçues qui persistent aujourd’hui, menant parfois à des conceptions très variables de l’ESS.

Il est vrai que le terme englobe une multitude d’organisations très différentes : associations, coopératives, fondations, entreprises, et même grandes mutuelles et structures du secteur médico-social. On observe une grande diversité dans la taille, la rentabilité et les champs d’actions des structures de l’ESS, qui participe à créer ce flou. 

Pourtant, elles se retrouvent en certains points : elles cherchent toutes à allier viabilité économique, solidarité et utilité sociale. Les champs d’action majeurs que l’on retrouve sont souvent l’emploi, l’insertion sociale, la transition écologique et le développement durable.

Mais ces valeurs communes sont souvent perçues comme utopiques, et beaucoup de préjugés circulent toujours.

“Les entreprises de l’ESS répondent à des besoins sociaux, mais elles ne sont pas rentables ou concurrentielles.”

Si la majorité des structures de l’ESS sont des associations ou des petites entreprises, elles ne représentent pas moins de 10% du PIB français! Les profits générés ne servent certes pas un enrichissement personnel, mais à développer l’activité et réaliser la mission sociale. 

Les entreprises de l’ESS, ce sont avant tout des entreprises à impact, capables de réelles performances qui présentent une plue value sociale, environnementale… Par exemple,  Emmaüs, le groupe Up (Chèques Déjeuners), ou le groupe SOS sont des structures de l’ESS, leader dans leurs champs d’actions !

Un autre exemple : la structure Halage que nous accompagnons depuis plusieurs années portait 164 salariés et 3,4M de budget en 2020. Alors que 85% des fleurs en France proviennent de l’importation, Halage développe aujourd’hui la première filière de fleurs française, tout en participant à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi qu’elle emploie et forme, et en s’engageant pour des activités floricoles respectueuses de l’environnement. 

Ces exemples nous montrent bien qu’il est possible d’allier compétitivité et rentabilité avec un entrepreneuriat qui privilégie l’humain et l’environnement.

“Les actions de l’ESS sont vieillottes, défraîchies.. Elles ne répondent pas à la réalité de l’évolution du monde d’aujourd’hui et de demain!”

Un enjeu majeur de l’ESS est l’innovation sociale : les entrepreneurs de l’ESS cherchent avant tout à mettre en place des actions impactantes pour répondre aux différents enjeux sociétaux, et cela passe par la recherche, le développement et l’expérimentation de nouvelles solutions. Enercoop (coopérative fournisseuse d’énergies renouvelables),  Lilo (moteur de recherche finançant des projets sociaux et environnementaux), (micro)crédits solidaires, fermes en permaculture..

L’ESS sait être innovante et porter les solutions de demain!

Les structures de l’ESS travaillent également au plus près du local, un enjeu notamment beaucoup soulevé pendant la crise du COVID. Cela permet en effet de proposer des actions concrètes et adaptées aux territoires, pour répondre à leurs enjeux spécifiques comme à des enjeux globaux.

“L’ESS, ça représente seulement quelques petites entreprises.. Ça emploie peu !"

L’ESS aujourd’hui, cela représente 12% de l’emploi français, soit presque 2,5 millions de salariés!

Encore plus intéressant, entre 2010 et 2018, l’ESS était à l’origine de la création de 70 000 emplois. On observe une augmentation de presque 5% d’emplois dans le secteur de l’ESS, alors que le reste de l’économie fait face à une diminution des emplois (baisse de 2,6% dans le secteur privé et de 8,4% dans l’emploi public).

A noter : l’emploi est un enjeu de préoccupation majeur pour beaucoup de structures de l’ESS : en plus d’employer elles-même, elles agissent au quotidien pour favoriser l’emploi et l’insertion par le travail!

“ Les structures de l’ESS sont mal gérées et leur fonctionnement peu efficace”

Les structures de l’ESS doivent respecter le principe de gouvernance démocratique (voire participative), ayant donné naissance à un mythe de structures sans réelle organisation interne.

Les acteurs de l’ESS s’efforcent aujourd’hui de prouver le contraire : l’une des meilleures preuves de leur efficacité est l’augmentation des investissements de l’Etat et du secteur privé dans leurs structures. Elles sont des partenaires crédibles et ambitieuses, qui obtiennent des résultats et suscitent l’engouement.

“Le monde de l’ESS est austère et fermé à l’économie classique”

Aujourd’hui, l’ESS fait partie intégrante de l’économie française ; plutôt que de vouloir segmenter des types d’économie, les acteurs de l’ESS cherchent plus aujourd’hui à collaborer avec les acteurs de l’économie dite classique, eux même en quête d’évolution dans leur milieu sur les questions sociales et écologiques.

De nombreux exemples de synergies et de collaborations naissent entre structures de l’ESS et grandes entreprises notamment, sans que la mission sociale ne soit pour autant mise à mal : il s’agit plutôt d’étendre l’impact.

C’est une vision que nous partageons à REC : nous travaillons sur un projet de coopération entre grandes entreprises et acteurs de l’ESS, le “club social business”.

En conclusion, en quelques chiffres, l’ESS en France c’est…

220 000 établissements employeurs
12% de l’emploi salarié, et 14% dans les espaces ruraux
2.37 millions de salariés

Crédits Photos : Mk.S sur Unsplash

Auteur : Lili-Rose Dupin