Générations Solidaires - Portrait d'Aïssata Anne, insérer par la confection textile

Présente-toi quelques mots

Je suis Aissata, je suis entrepreneuse sociale et directrice de structure et de projets au sein de l’association Générations Solidaires.

Je dirais que j’ai un profil professionnel plutôt atypique, car j’ai occupé une grande diversité de postes en tant que responsable de secteur jeune, coordinatrice insertion et accès à l’emploi des jeunes, animatrice, accompagnatrice scolaire, référents jeunes et familles…

Aujourd’hui, j’ai fait une pause par rapport à mon projet au sein de la collectivité territoriale dans laquelle je travaille dans le cadre d’un détachement.

Au départ, notre projet associatif était de travailler sur les questions d’engagement, de citoyenneté et de vivre ensemble à travers des chantiers humanitaires jeunes au Sénégal.

Puis la crise du covid est arrivée.

Nous avons distribué près de 35 000 masques aux habitants de Mantes-la-Jolie notamment au sein du quartier du Val Fourré à travers une manufacture de fabrication de masques en tissu wax, un projet porté par et pour les habitants de Mantes La Jolie.

Ce projet a mené à la création de postes pour des mamans qui n’avaient jamais travaillé avant.

Une dynamique territoriale s’est ensuite mise en place avec la commune de Mantes-La-Jolie, le département des Yvelines, la Région Ile de France ainsi que les bailleurs sociaux du territoire. Des fondations privées nous ont également rejoint avec le temps.

La pérennisation ce projet était inévitable et répondait à un besoin sur le territoire.

Nous avons donc effectué une demande d’agrément au Ministère du Travail pour créer un chantier d’insertion dans le domaine de la couture.

À la suite de la réponse favorable de la Direction Départementale du Travail des Yvelines, j’ai donc décidé de sauter le pas et de devenir entrepreneuse sociale, et piloter nos projets qui ont un véritable impact social, et finalement d’être accompagnée par différents incubateurs, car cela demande des ressources humaines et des métiers spécifiques.

L’idée pour moi était de bien s’entourer pour avancer progressivement jusqu’à l’atteinte de nos objectifs fixés

Aujourd’hui, en tant que Directrice, je dirige une structure d’insertion par l’activité économique avec deux ateliers chantier d’insertion par activité économique et parallèlement différents programmes en direction des jeunes et des femmes.

Maman de trois enfants, je suis engagée dans la vie associative depuis plus de 20 ans et je les pousse à s’investir au sein de l’association, car l’engagement est l’une des valeurs fortes qui m’a été transmise depuis mon jeune âge.

Je fais également partie d’association de parents d’élèves ainsi que de différents réseaux d’associations pour accompagner au changement.

Parle-nous de ton projet !

Générations Solidaire est né en 2013 sur des enjeux de solidarité et d’engagement.

Lors du premier confinement lors de la crise du Covid en 2020, l’association a pris un tournant à 360 degrés, on est passé d’une trentaine de bénévoles à 25 salariés en termes d’activité.

Notre activité dans le domaine de la couture sont les suivants : la retoucherie, la confection sur mesure, de l’ameublement.

En septembre 2022, nous avons lancé notre atelier chantier d’insertion dans le domaine du numérique en collectant du matériel informatique (ordinateur de bureau, ordinateur portable, tablettes et téléphone) que l’on répare, reconditionne avant de les proposer à des personnes en précarité numérique à un prix symbolique.

Grâce à ces nouvelles activités, Générations Solidaire, a su élargir son champ d’action et toucher un public plus large, tout en poursuivant sa mission de solidarité et de soutien aux personnes en difficultés.

Quelle est la particularité de ton projet ?

Notre association s’efforce de trouver un juste équilibre entre les quartiers prioritaires et les zones rurales, afin de pouvoir accompagner au mieux les publics fragilisés, y compris à l’échelle internationale.

En tant que membre de l’économie sociale et solidaire, Générations Solidaire a pour objectif de favoriser l’insertion sociale et professionnelle, d’accompagner les personnes fragilisées en utilisant la couture et le numérique comme support.

As-tu eu toujours envie de devenir une entrepreneuse ?

Je suis quelqu’un qui a un bagage professionnel dans le domaine du développement social local.

J’ai fait du social toute ma vie donc ça a été comme un grand saut pour moi de me lancer dans l’entrepreneuriat.

Effectivement, pour moi, business et social étaient aux antipodes, mais finalement en cheminant tout au long de ces projets, ils ne l’étaient pas forcément.

En lançant ces deux ateliers chantiers d’insertion qu’il fallait consolider le modèle économique. Je n’ai pas suivi de formation adaptée pour travailler ce modèle économique.

J’ai donc été accompagnée et incubée pour travailler la partie business. Ainsi, j’ai réussi à assimiler les bases de l’entrepreneuriat.

Devenir entrepreneuse a donc demandé beaucoup de travail, de persévérance et surtout de la volonté.

Qu’aime-tu le plus en étant entrepreneuse ?

En tant qu’entrepreneuse, la liberté est une valeur très importante pour moi.

Elle vient sous différentes formes, comme pouvoir organiser mon temps et mes tâches en fonction de mes priorités ou encore choisir les personnes avec lesquelles je souhaite travailler.

Cette autonomie me permet d’exprimer ma créativité de manière complètement libre et de prendre des initiatives, c’est une liberté, d’action et de choix, très différente de la vie salariée.
 
Être entrepreneuse sociale implique beaucoup de travail, mais cela en vaut la peine, nous sommes fières de pouvoir construire un projet concret qui a un impact positif sur la vie des autres.

L’entrepreneuriat donne ainsi du sens à mon travail et me permet de poursuivre ma passion tout en contribuant à la société plus inclusive et solidaire.

Être entrepreneuse est une expérience très enrichissante qui allie liberté, créativité autonomie et sens du travail.

Qu’est-ce qui te motive au quotidien ?

En tant qu’entrepreneuse, ce qui me motive chaque jour, c’est tout d’abord le fait de se réveiller chaque matin en sachant que je ferais du bien aux autres.

C’est également la conviction que nos actions pourront apporter une réelle valeur ajoutée aux autres et améliorer leur quotidien.

Savoir que nos actions ont un impact positif sur les autres et que nous sommes utiles à la société est une source de satisfaction et d’accomplissement personnel incroyable.

Aujourd’hui mettre du sens dans son travail est très important pour moi.

Quand as-tu décidé de lancer ton projet ?

Au début, l’association s’appelait « Cœur du Fouta », elle avait pour but de mener des actions ponctuelles dans la région de Matam (distributions de fournitures scolaires, sensibilisation aux projets de lutte contre le paludisme…).

Initialement positionnée sur des enjeux de solidarité internationale, l’association a pris un tournant lors de la crise sanitaire.

Nous avons voulu décentraliser avec l’Afrique afin de créer de l’impulsion au niveau du territoire français, la question de double culture est donc majeure au sein de l’association.

Ainsi, durant la crise du Covid-19, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose à notre niveau pour apporter de l’aide comme on le pouvait.

Tout le monde était confiné et impacté par la crise, nous sommes solidaires, on a donc décidé de lancer un projet pour sortir de la situation complexe du Covid-19.

L’association a donc mis en place une manufacture de masques grand public avec comme support un chantier d’insertion en employant 17 personnes en insertion du mois d’avril à décembre 2020.

Plus de 35 000 masques ont été distribué à la population mantaise.

Depuis 2020, on a élargi le nom de l’association à Générations Solidaires : c’est une association intergénérationnelle, interculturelle, il fallait donc faire évoluer le nom.

Comme est dans l’Économie Sociale et Solidaire pourquoi par prendre notre slogan comme nom d’association, un nom plus inclusif : Générations Solidaire.

Pourquoi as-tu décidé de lancer ton projet ? A-t-il été inspiré par une tierce personne ou par un constat personnel ?

Comme dit précédemment, l’élargissement des actions de l’association est venu d’un constat personnel durant la crise du Covid.

Je me suis posé la question de qu’est-ce qu’on pouvait faire pour la population à ce moment.

Comment on peut être utile dans cette situation où personne n’a de réponse.

Que peut-on faire à notre niveau, à notre échelle et à celle de notre territoire ?

C’est l’autre et l’envie de l’aider qui m’a inspiré pour lancer ce projet.

Durant la crise on s’est également aperçu que beaucoup de personne n’avait pas accès aux appareils numériques, notamment les jeunes qui devaient donc faire cours à la maison et dont les familles n’avaient pas accès aux ordinateurs.

L’association a donc mis à disposition des familles qui n’avaient pas les moyens des PC.

Ainsi est venue l’idée d’une recyclerie numérique pour aider les gens à se connecter pour faire leurs devoirs et pour pouvoir travailler en sérénité.

Au départ, le projet les Mantais solidaires était une manufacture bénévole donc sur la base du volontariat.

Pour pouvoir obtenir l’agrément en tant qu’association nous avons dû adopter une stratégie de pérennisation du projet.

Ainsi, nous avons pu à travers l’agrément insérer des personnes en difficulté pour les aider à accéder à un emploi à une formation.

L’association est un tremplin pour les personnes en situation de fragilité, un sas pour réussir et améliorer les conditions de vie.
 
Finalement, l’entrepreneuriat pour moi était une autre étape pour enrichir pour parcours professionnel et peut être une suite logique, c’est important pour moi de faire ce que l’on aime et surtout de ne pas avoir de regrets et de m’épanouir dans ce que je fais.

Je me suis lancée dans cette aventure hors du commun qui n’a pas été toujours de tout repos.

« Je rêve ma vie et je vis mes rêves. »

Auteur : Roxanne Cuzol & Aïssata Anne